Après l’attaque victorieuse du Chemin des Dames qui les avait menés jusqu’à la Marne, à Château-Thierry (27 mai au 1er juin 1918), les Allemands décidèrent de renforcer leurs nouvelles positions en supprimant le saillant français du Noyonnais. Outre l’amélioration des communications, le réalignement de cette partie du front devait être une étape vers Paris dont la prise aurait eu un impact moral fort sur les alliés. Une offensive fut ainsi mise sur pied sur le front Montdidier–Noyon dont le premier objectif était de gagner Compiègne, le second de prendre Estrées-Saint-Denis. Cette opération fut confiée à la 18e armée du général von Hutier qui put disposer de 21 divisions sur une ligne allant de Montdidier à Noyon et d’environ 30 batteries au kilomètre.
Dès l’ouverture du feu, à la première heure du 9 juin, les 30 kilomètres de front furent écrasés sous les obus, en majorité toxiques, sur une dizaine de kilomètres de profondeur. Lorsque s’élancèrent les dix premières divisions allemandes, les forces françaises opposèrent une résistance acharnée, mais cédèrent du terrain avant de se voir rejetées, le lendemain, derrière le Matz et l’Aronde. Malgré ce recul, le front français ne fut pas rompu et, bien que délicate, la situation laissait entrevoir des possibilités de reprise. Rapidement mise sur pied, la contre-offensive française fut lancée le 11 juin.