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Lettre d’Auguste à ses parents illustrée d’un dessin au crayon « Nasus à la corvée de soupe aux Eparges la nuit », 13.5 x 11.5 cm, Châtillon-sur-Seine, 3 août 1915. ADO, 81 J. Pièce n°106.
Ravenel devenu soldat, les camarades, les abris ont remplacé l'atelier et les modèles mais pour le peintre le sujet est toujours le même, central et obsédant : le corps, son corps.
Il participe à des combats autour de Verdun, probablement du 24 avril au 2 mai, car il cite deux villages des bords de Meuse, rendus célèbres par l’ouvrage Ceux de 14 de Maurice Genevoix : Les Eparges et Sommedieue. La crête des Eparges, commune de Dun-sur-Meuse, située à 25 kilomètres de Verdun, a été l'enjeu d'effroyables combats, particulièrement de février à avril 1915.
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Lettre d’Auguste Ravenel à ses parents, Paris, automne 1909. ADO, 81 J. Pièce n°22.
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Dessin à l’encre, 12x11.5 cm. Paris, janvier-février 1910. ADO, 81 J. Pièce n°23.
Ravenel est témoin de l'une des plus graves crues qu'ait connue la Seine de son histoire. Commencée le 20 janvier 1910, la crue atteint son maximum le 28 janvier, avec une cote de 8,50 mètres. Le zouave du pont de l'Alma, qui sert aux Parisiens d'instrument de mesure de la montée des eaux, a de l'eau jusqu'aux épaules. Les députés se rendent à l'Assemblée nationale en barque pour organiser la reprise du travail. Quant à Ravenel, il est dans un des quartiers les plus exposés, la cour de l'École des Beaux-Arts étant totalement inondée ainsi que la rue de Seine et la rue des Beaux-Arts. Cette catastrophe le bouleverse, il décrit à ses parents les quais puis le pont des Arts, le pont de l'Alma, le pont Neuf submergés par les eaux, la gare du quai d'Orsay inondée, les soldats qui empêchent l'accès aux zones envahies... Le métro étant fermé, Ravenel parcourt Paris à pied et en barque, bousculant des barrages pour pouvoir rentrer chez lui.
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« Mon atelier, mon cabinet de toilette, cabinet de travail, chambre à coucher », dessin à l’encre, 11,1x10.5cm. Paris, sans date. ADO, 81 J. Pièce n°39.
Ravenel a 16 ans quand il quitte Beauvais pour la capitale et qu'il commence cet échange épistolaire avec ses parents, sa sœur et ses amis beauvaisiens. Les premières lettres, tout comme les dessins, sont appliquées et studieuses : majuscules, lignes droites, termes soulignés... mais beaucoup de fautes d'orthographe et peu de ponctuation.
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Lettre d’Auguste à sa mère et à sa sœur Isabelle illustrée d’un dessin au crayon « Le Rouquin ; Croquignol, Quard le Brit, le rapin de la butte » 13 x 21 cm, secteur nord de Bar-le-Duc, 5 février 1915. ADO, 81 J. Pièce n°95.
De 1914 à 1916, si les dessins conservent leur style, leur humour intact, la calligraphie évolue, les lettres s'arrondissent. Ravenel souffre, son phrasé est plus saccadé, la composition est parfois déstructurée. Impatient, ou agacé, il pare au plus pressé, donnant et réclamant des informations de façon assez désordonnée.
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Lettre d’Auguste à sa mère à sa sœur Isabelle illustrée d’un dessin au crayon 11.2 x 12.5 cm, sans lieu, 25 juin 1916. ADO, 81 J. Pièce n°120.
En janvier 1916, Ravenel peut annoncer à sa mère et à sa sœur qu'il est désormais dans la « section hors rang » qui rassemble, pour une unité, des soldats non-combattants comme les coiffeurs, les vaguemestres, les cuisiniers...« Je suis passer signaleur ; c'est une télégraphie optique par lumière électrique » (110e lettre, 18 janvier 1916). Poste donc relativement appréciable puisqu'il n'est plus en première ligne, mais dans des abris plus solides, à l'abri de la pluie et des obus avec la possibilité de faire du feu. C'est là qu'il voit arriver les « hommes soupe », hommes de corvée, qui font la navette entre l'arrière et les tranchées amenant la soupe, le vin, la gnôle, les munitions et le courrier.
Cette « promotion » - qui aurait dû lui permettre d'être moins exposé– est sans doute liée à la mort de son père à Beauvais, le 8 novembre 1915 : il est désormais orphelin de père avec une mère et une sœur à charge.