Cette une de presse nationale présente sous le titre de l’article « Un oubli fâcheux » une description de la clairière où « sur un vieux chêne, une vieille plaque de bois, fendue en deux, a été clouée et sur la plaque on lit ces mots : train du Maréchal Foch [ …] C’est ici, en un mot, que s’est terminé le plus grand drame qu’ait jamais connu l’univers. ». Cet article alerte l’opinion sur le sort de la clairière. Le député-maire de Compiègne Robert Fournier-Sarlovèze et le journaliste Jean Binet-Valmer vont militer pour ériger un monument commémoratif de la victoire.
Le 11 novembre, jour de commémoration nationale depuis la loi du 22 octobre 1922, le Président de la République française, Alexandre Millerand, vient en personne inaugurer la clairière, aux côtés de Raymond Poincaré, président du Conseil, du maréchal Foch, du maréchal Joffre, du ministre de la Guerre, André Maginot, du maréchal Douglas Haig, de l’amiral Wemyss et de représentants de plusieurs pays.
La dalle voulue par Jean Binet-Valmer, concepteur de l’aménagement du site, a été sculptée dans 400 tonnes de granit de Vire, le même que celui de la tombe du soldat inconnu située sous l’Arc de triomphe à Paris, offert par le propriétaire d’une carrière du Calvados. Pensé comme un véritable tombeau de l’empire allemand vaincu, les blocs de granit ont reçu l’inscription : « ICI, LE 11 NOVEMBRE 1918, SUCCOMBA LE CRIMINEL ORGUEIL DE L’EMPIRE ALLEMAND VAINCU PAR LES PEUPLES QU’IL PRÉTENDAIT ASSERVIR ».
Le monument du Matin est communément désigné sous le nom de monument « des Alsaciens-Lorrains». Payé grâce à une souscription lancée par le journal Le Matin, le monument a été installé sur l’ancien carrefour forestier du Francport. En grès rose des Vosges, il a été réalisé en 1922 par le ferronnier d’art Edgar Brandt.
Le lieu, fort en symbole, est choisi pour la signature de l’armistice de 1940 par Adolf Hitler. Il s’agit pour les Nazis de laver l’affront du 11 novembre 1918 et du traité de paix. Le 21 juin 1940, Hitler vient en personne dans la clairière. Pour l’occasion le monument du Matin est recouvert d’un drapeau à la croix gammée. Durant l’été 1940, le monument du Matin est mis en pièce, la dalle sacrée est brisée et l’inscription mutilée. La clairière est vidée et le terrain labouré. Le musée est entièrement détruit et le wagon transporté par la route jusqu’à Berlin, où il est exposé comme trophée, symbole de la fin de l’humiliation de 1918.