Prises à partie par les patriotes belges tentant de défendre leur territoire envahi, les colonnes allemandes semèrent la terreur sur leur route en imposant un régime de représailles à la population civile. Conservant le souvenir des francs-tireurs français de la guerre franco-prussienne de 1870, les Allemands n’hésitèrent ni à fusiller des otages, ni à brûler des villes pour asseoir leur autorité, se venger des tireurs isolés et punir les contrevenants aux ordres. Le département de l’Oise subit ainsi un sort peu enviable avec l’incendie de Creil, de Senlis et de Choisy-au-Bac et les exécutions de civils à Senlis, Autrêches ou Lagny. Ces actes de représailles furent vivement critiqués et donnèrent lieu à la mise en place d’une commission chargée de constater les actes commis par l’ennemi « en violation du droit des gens dans les parties du territoire français que l’ennemi a occupées et qui ont été reconquises par les armées de la République ».
Propriétaire senlisien descendant des maires Jean Odent (1769-1846) et Henri Odent (1826-1911), maire de Senlis lui-même élu en 1912, Eugène Odent fut arrêté par les Allemands et retenu en otage quelques heures. Rendu responsable de la mort des soldats allemands lors d’affrontements avec les soldats français aux portes de Senlis, il fut passé par les armes avec six autres de ses compatriotes dans le village de Chamant. L’exécution d’Eugène Odent, ainsi que les incendies de bâtiments publics et d'une partie de la rue de la République, furent largement repris dans la presse nationale pour témoigner de la « barbarie » allemande.